René-Maurice Gattefossé… Si vous vous intéressez à l’aromathérapie et aux huiles essentielles, ce nom vous dit forcément quelque chose ! On le qualifie de “père de l’aromathérapie”, qu’il aurait découverte par une sorte de “miracle”. Les choses sont un peu plus terre à terre, mais il fait partie de ceux qui ont posé les fondations de l’aromathérapie telle qu’on la connaît aujourd’hui.
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Les Établissements Gattefossé
René-Maurice Gattefossé naît an 1881 à Lyon. Son père Louis a fondé, un an plus tôt, les Établissements Gattefossé, qui s’occupent de production d’huiles essentielles, de matériau de base pour la production de parfum, et d’autres produits de droguerie.
En 1907, les frères Gattefossé s’associent avec leur mère pour prendre la suite de leur père à la tête de l’entreprise familiale, qui devient Gattefossé et fils. Robert est ingénieur mécanique et chercheur en huiles essentielles. Jean est botaniste et chimiste. Abel, l’aîné de la fratrie, gère l’administration et le volet commercial. René-Maurice obtient son diplôme en ingénierie chimique et les rejoint. Robert, Jean et René-Maurice se concentrent sur les recherches sur les plantes aromatiques, leur chimie et leurs propriétés.
La culture de la lavande en Provence
À la fin de cette même année 1907, le président des Syndicats agricoles du Sud-Ouest commande à René-Maurice Gattefossé un rapport sur les conditions de production de la lavande en Haute-Provence. La récolte de lavande est alors insuffisante face à la demande. R.-M. Gattefossé parcourt alors le terrain et constate la pauvreté des lavandiers et le manque d'organisation général. Au cours de ses rencontres avec de nombreux cultivateurs, il glane aussi des informations sur les usages traditionnels de la lavande.
À la suite de son rapport, il entreprend une série de conférences. Ses échanges avec les divers interlocuteurs qu’il rencontre alors l’amène à organiser les plantations et les distilleries de lavande. Son intervention est réussie : la qualité de la lavande produite est nettement améliorée, et les prix s’alignent. Les Établissements Gattefossé y gagnent en réputation. Pendant cette période, René-Maurice travaille à isoler les molécules aromatiques des essences.
La Parfumerie moderne
En 1908, les frères Gattefossé créent la revue La Parfumerie moderne. René-Maurice y est rédacteur en chef. Très vite, la publication gagne en popularité et est traduite dans plusieurs langues.
En 1910, René-Maurice voyage en Europe et observe les différentes méthodes de distillation pratiquées dans les différents pays qu’il visite. Pendant ce temps, les Établissements Gattefossé s’étendent au Japon, en Chine et en Indonésie.
Une explosion retentissante dans le temps
Le 25 juillet de cette année-là, à la suite d’une explosion dans son laboratoire, René-Maurice est grièvement brûlé aux mains. La gangrène gazeuse, une infection due à une bactérie, infecte les blessures et s'étend très rapidement. Les soins prodigués à l’hôpital n’apportent aucune amélioration. Ses souvenirs sur les usages traditionnels de la lavande combinés à ses recherches sur les plantes aromatiques conduisent alors René-Maurice à appliquer de l’essence de lavande sur ses blessures. L’amélioration est immédiate, et la guérison intervient très rapidement ensuite.
Les années de guerre
Juillet 1914. Robert Gattefossé est affecté à un commandement à l’Est. René-Maurice est affecté comme motocycliste au 109e Régiment d’Infanterie territoriale. Il est le premier des frères à être blessé en 1915. Il est renvoyé chez lui pour supporter l’effort de guerre comme ingénieur chimiste. Il quitte son poste de rédacteur en chef à La Parfumerie moderne.
En 1916, Abel Gattefossé est tué au front. Robert, qui a passé plus d’une année dans des secteurs insalubres, a développé la fièvre des marais et une importante infection du foie. Il est traité dans des hôpitaux pendant près de deux ans. Il continue néanmoins à travailler à l’écriture de ce qui doit être son œuvre majeure, La Parfumerie à travers les siècles. Mais ses blessures de guerre ont raison de lui en 1918.
L’après-guerre de R.-M. Gattefossé
1919 : René-Maurice Gattefossé est maintenant seul à la tête des Établissements Gattefossé & Fils, qu’il transforme avec des partenaires industriels et rebaptise. La Société Française de Produits Aromatiques est maintenant basée à Crémieux, et René-Maurice en est le directeur général. Le catalogue des produits proposés s’élargit de façon très conséquente, mais les résultats commerciaux et financiers sont peu probants. En 1930, l'entreprise reprend son caractère familial et s’installe à Montchat.
Parallèlement, René-Maurice Gattefossé continue ses conférences, dont on trouve l'écho dans des publications américaines (« The Medicinal Value of Essential Oils », publié dans le numéro du 23 juillet 1922 de The Chemist and the Druggist, dont un compte rendu est proposé dans The National Druggist vol. 52, du même mois). Porté par le réel succès de la campagne en faveur d’une meilleure organisation des lavandiers, il devient vice-président de l’Association Industrielle Commerciale et Agricole. Il le reste jusqu'en 1945, où il en est alors le président.
Gattefossé invente le terme “aromathérapie”
C’est en 1937 que René-Maurice publie L’Aromathérapie. Le manuscrit n’est pas inédit, puisque l’ouvrage regroupe des articles écrits précédemment pour La Parfumerie moderne et publiés dans une rubrique du même nom. Il s’y consacre aux propriétés thérapeutiques des huiles essentielles, qu’il a pu expérimenter dans différents hôpitaux. Ses observations s’appuient sur les huiles essentielles déterpénées uniquement. Mais l’utilisation des huiles essentielles avec un objectif thérapeutique a désormais un nom.
Pendant les années qui suivent, la cosmétique prend de plus en plus de place dans ses recherches. Ce que reflètent les articles publiés dans La Parfumerie moderne.
Les dernières années
Fin 1940, il acquiert une propriété près de Saint-Denis-de-Provence. Il entend s’assurer la production des plantes nécessaires à l’approvisionnement de son usine, en des temps de restriction. C’est ainsi qu’il devient lui-même lavandier.
Parallèlement à ses travaux scientifiques, René-Maurice Gattefossé publie aussi plusieurs romans et développe une réflexion philosophique dans plusieurs ouvrages. Il étudie la préhistoire et s’intéresse de près à l’archéologie.
En 1944, il prépare une nouvelle édition de L’Aromathérapie, mais ce manuscrit ne sera pas publié. Le temps de l’aromathérapie n’était sans doute pas encore venu…
René-Marie Gattefossé meurt brusquement en 1950, alors qu’il rend visite à son frère Jean à Casablanca (Maroc). Les établissements Gattefossé, repris alors par son fils Henri-Marcel, sont restés jusqu’à ce jour administrés par la famille Gattefossé.
Un documentaire sur René-Maurice Gattefossé
Vous voulez en savoir un peu plus sur les circonstances qui ont amené ce chimiste et parfumeur du sud de la France à s’intéresser de très près à l’action des huiles essentielles ? Je vous conseille de regarder ce petit film réalisé en 2005 par Pellicula. En voici un très court extrait (30 secondes à titre éducatif). Il ne vous donnera qu’un minuscule avant-goût des nombreuses images d’archive que contient le film :
Pellicula : vous pouvez visionner ce film de 37 mn dans son entier sur ici
Pellicula : pellicula[at]simpleappareil.org
j’adore! <3 j'ai lu aussi qu'il avait plongé sa maindans un tonneau de lavande et guéri par miracle lol
Merci Marina, oui, c’est comme ça que bien des mythes et des légendes ont dû commencer 😉