Transpirer, c’est naturel et nécessaire. C’est une protection mise en place par votre organisme. Mais se défaire de l’odeur particulière de la transpiration, c’est possible de façon naturelle. Vous trouverez ici un mélange déodorant de base aux huiles essentielles, hydratant et protecteur. Il vous permettra plusieurs variations selon vos préférences, en toute sécurité.
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1. Transpirer, ça sert à quoi ?
Je subodore, dans cette question, que vous pensez peut-être à une réponse du style : c’est casse-pieds et ça ne sert à rien. Que nenni ! D’abord, le côté casse-pieds, c’est très subjectif, et ça dépend beaucoup des personnes et des situations. Certaines transpirent plus que d’autres, je ne vous apprends rien. Mais si c’est votre cas, ce n’est pas une injustice qu’on vous a infligée :p Ça sert vraiment à quelque chose : il se trouve que votre corps a sa propre façon de gérer sa température, et ce n’est pas forcément la même que celle du corps de votre meilleure amie…
Hormis dans les cas de transpiration excessive, qui sont un déséquilibre qui nécessite un accompagnement spécial, la transpiration, c’est normal !
2. La transpiration, comment ça marche ?
Une réaction corporelle de protection
Le premier déclencheur de transpiration, c’est le besoin, la nécessité même, de rééquilibrer votre température interne. On appelle ça la « thermorégulation ». Votre corps maintient et entretient une température homogène pour que tous vos organes fonctionnent de manière optimale. Et votre peau est un organe, celui que votre transpiration hydrate en renforçant sa fonction protectrice. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Les glandes sudoripares
Pour ces deux actions d’équilibrage, le corps met en action les glandes sudoripares. Elles sont de deux types : les glandes eccrines réparties dans tout le corps depuis que nous sommes nés. Elles sont environ 3 millions, avec une concentration plus forte sur le front, la paume des mains et la plante des pieds. L’autre type de glandes, ce sont les glandes apocrines activées à la puberté dans la région génitale et les régions axillaires (aisselles). Leur rôle principal n’est pas la thermorégulation : elles répondent à vos émotions ou à votre excitation sexuelle. Ce sont celles qui produisent une transpiration plus lourde et plus riche en éléments que les bactéries décomposent, et donc plus odorante.
Un processus à deux vitesses
Le processus de transpiration est gouverné par notre système nerveux autonome, qui perçoit les variations de notre température corporelle en fonction d’influences extérieures ou internes. Les influences extérieures, ce sont notamment les températures auxquelles vous êtes exposé·e. Ce sont aussi vos activités physiques, qui font grimper votre chaleur corporelle. Vous l’avez constaté vous-même : marcher très rapidement, faire du sport, courir après votre chien qui vient (encore !) de s’échapper, autant d’actions qui déclenchent une activité forte de tout notre système et le fait «chauffer». C’est l’hypothalamus qui s’en occupe, en s’appuyant sur le système nerveux sympathique.
Pas d’impatience ! Et un…
L’hypothalamus, le centre de contrôle de la thermorégulation – le « thermostat » de votre chaudière interne – s’adapte aux circonstances extérieures. Mais il faut lui laisser le temps. Ce que nous ne faisons pas toujours, lorsque par exemple nous voyageons vers des pays aux conditions climatiques radicalement différentes de celles auxquelles nous sommes habitué·es. Je ne vous raconterai pas par le détail mon dernier séjour en Inde, mais comme chaque fois, les premiers jours du séjour sont typiques de ce temps d’adaptation. Débarquer en Inde en pleine période de mousson, pour une Bretonne habituée à un climat très tempéré, c’est donner pas mal de travail d’adaptation à son corps ! Pendant les premiers jours, après une douche rafraîchissante, on a à peine le temps de se sécher qu’on est déjà à nouveau trempé : la chaudière interne réagit à la chaleur inhabituelle et perçue comme intense, et envoie à nouveau de quoi faire baisser la température. Pas toujours confortable, mais inévitable !
… et deux…
Les influences internes sont principalement les émotions. Les plus timides savent par exemple que dans les situations où ils et elles sont les plus mal à l’aise ou se sentent le plus exposé·es, une bouffée de chaleur les envahit et le sang se précipite à l’assaut de leur visage. Et comme ils ou elles le ressentent, leur gêne augmente et un apport de sang supplémentaire au visage les rend encore plus mal à l’aise, leur gêne augmente… bref, vous avez compris le principe. La peur, le stress et même le rire stimulent le système nerveux autonome. Il envoie alors dans le sang des hormones dont vous avez bien sûr entendu parler, comme la fameuse adrénaline par exemple. Les glandes sudoripares situées aux aisselles réagissent très vite : c’est la suée, la tout aussi fameuse « sueur froide » dont le cinéaste Hitchock jouait si bien.
3. D’accord, la transpiration, c’est nécessaire, mais l’odeur ?
Votre transpiration, un mélange d’eau (à 99%), de sels minéraux, de quelques protéines et d’acide lactique, ne sent pas « mauvais » en soi. D’ailleurs, vous l’avez très certainement constaté vous-même, après votre jogging du matin par exemple : les gouttes qui coulent de votre front ou sur le reste de votre corps n’ont pas d’odeur spéciale.
Mais sur notre peau, des millions de bactéries s’activent en permanence. Oui oui, ces petits organismes cohabitent avec nous tout au long de notre vie. Ces bactéries réagissent à la transpiration, qu’elles décomposent, et cette réaction est ce qui provoque la fameuse odeur de transpiration.
Là encore, tout va dépendre des individus et des situations. Pour certain·es, la toilette quotidienne sera suffisante pour éliminer les traces odorantes de cette réaction des bactéries à la transpiration. Pour d’autres, cette réaction sera plus marquée et pourra se manifester plus rapidement. Sans compter que le volume et la nature de la transpiration joue un rôle aussi : après le sport, par exemple, où vous transpirez nettement plus qu’en situation de repos, la réaction sera proportionnelle.
4. Arrêter de transpirer, quelle idée !
Vous l’avez compris, essayer d’empêcher la transpiration, c’est vous mettre de sacrés bâtons dans les roues, à vous-même parce que vous empêchez votre corps de faire son travail.
Il existe des produits anti-transpirants : à mon sens, c’est absurde. Pourquoi pas des anti-larmes quand on est triste ou à l’inverse, tellement heureux ? Transpirer – comme pleurer – sont des mécanismes bien rôdés mis en place depuis l’enfance par votre organisme, pour vous protéger. Tenter de les empêcher de fonctionner, c’est se tirer une balle dans le pied. J’avoue que je n’ai jamais essayé (je parle de la balle dans le pied :p), mais il paraît que ça peut causer beaucoup de dégâts !
Selon les circonstances de votre journée, en revanche, vous avez envie d’éviter cet arôme particulier. Parce que vous estimez, à l’instar de notre société, que même s’il est naturel, il ne vous met pas forcément en valeur. En ce cas, vous pouvez avoir envie de ne pas avoir recours à des solutions contestables, où des produits chimiques de synthèse viennent transformer, de façon peu naturelle, la chimie équilibrée de votre corps. C’est là que les huiles essentielles peuvent vous aider…
5. Pas d’huiles essentielles pures !
Il m’est arrivé de lire des conseils d’application d’huiles essentielles pures sous les aisselles, par exemple. C’est d’abord une solution peu durable, même à l’échelle d’une seule journée : les huiles essentielles s’évaporent très rapidement. Ensuite, c’est s’exposer à des réactions douloureuses de votre peau : irritation, allergie, etc. Même le tea tree, ou arbre à thé, indiqué dès qu’il est question de court-circuiter des bactéries, et l’une des huiles essentielles les moins agressives, n’est vraiment pas une bonne idée. En l’utilisant pure au quotidien, vous vous exposez inutilement à ce qu’on appelle la sensibilisation. Votre corps ne manifestera peut-être pas de réaction à cette huile essentielle pure pendant quelque temps, mais il est très possible qu’il finisse par déclencher un rejet sous forme d’allergie. Et vous ne pourrez plus jamais utiliser cette huile essentielle si cette sensibilisation se produit ! Ce serait ballot, non ?
Sans compter qu’une huile essentielle pure pénètre beaucoup plus rapidement la peau. Or, cette pénétration n’est pas l’objectif : c’est en surface que se traitent ces odeurs de transpiration. Diluée dans une huile ou un beurre végétal, l’huile essentielle déploiera la majeure partie de son activité à la surface de la peau.
6. Des possibilités en toute sécurité
Le mélange déodorant aux huiles essentielles que je vais vous indiquer est une base qui n’est pas du tout destinée à empêcher la transpiration, ce mécanisme naturel et nécessaire. En revanche, il permet de limiter la réaction bactérienne qui déclenche le phénomène d’odeur peu apprécié.
En plus de cette base, je vous indique des variations possibles. N’en restez pas à une seule version : il est bon, pour plusieurs raisons, d’alterner ces mélanges.
Risque maîtrisé !
Il ne s’agit pas de limiter un risque : les huiles essentielles sont utilisées ici à très petites doses. Elles sont également très diluées, ce qui implique très peu de risques en terme de dermocausticité ou de réactions d’irritation. Mais la capacité d’adaptation de notre corps, que j’évoquais un peu plus haut, s’applique même pour ce genre de produits. Et c’est vrai aussi des petites bactéries qui nous habitent. L’efficacité d’un mélange peut s’atténuer au fil du temps, s’il est utilisé tous les jours. De plus, les molécules des HE sont évacuées régulièrement, notamment par les reins et le foie. Varier les huiles essentielles de votre mélange déodorant permet de ne pas accumuler inutilement les mêmes molécules, pour que ces organes puissent toujours les traiter de façon optimale et constante. Même si à ce dosage et ce pourcentage de dilution, de toute façon, je le disais plus haut, il n’y a pas de risque d’accumulation. Mais je vous ai annoncé de la sécurité, mettons tous les atouts de notre côté !
Varier les arômes et les plaisirs…
Enfin, alterner ces mélanges, c’est aussi varier les plaisir des arômes de chaque huile essentielle, que votre odorat aura plaisir à retrouver et à reconnaître après quelques jours d’interruption. Pensez à votre parfum préféré, celui que vous avez beaucoup utilisé, et que vous ne sentez même plus au bout de quelques minutes après l’avoir appliqué. L’odorat, comme tout le corps, s’adapte et s’habitue aux odeurs. Si un parfum est considéré comme inoffensif, que votre odorat a réuni les informations nécessaires, il ne s’en préoccupera plus. Et il ne continuera pas à vous envoyer d’informations conscientes sur ce parfum. Vous ne le sentirez plus dans une utilisation quotidienne. En revanche, si vous utilisez vos différentes variations en alternance, vous continuerez d’en percevoir les informations olfactives particulières. Vous en sentirez le parfum, quoi ! :p
7. Fabriquer son mélange déodorant de base aux huiles essentielles
Pour fabriquer votre déodorant naturel maison aux huiles essentielles, tous les ingrédients doivent bien sûr être bio.
En pratique, pour les mesures : 1 cuillerée à soupe (cs) équivaut à 15 ml, 1 cuillerée à café équivaut à 5 ml ; il faut donc 3 cuillerées à café pour l’équivalence 1 cuillerée à soupe. Vous pouvez retrouver les équivalences de ce type dans la boîte à images de Marguerite.
Dans ce mélange, le taux de dilution des HE est à moins de 2%. Ce déodorant maison aux huiles essentielles peut être utilisé sur tout le corps, des aisselles aux pieds !
Réalisation du déodorant aux huiles essentielles
Matériel
- Stick déodorant vide
- 1 casserole et un contenant en verre ou métal pour un bain-marie
- 1 ustensile de mélange (éviter le plastique)
Ingrédients
- 10 gouttes d’huile essentielle de tea tree (Melaleuca alternifolia)
- 10 gouttes d’essence de citron (Citrus limon)
- 1 cs de beurre de cacao
- 2 cs de beurre de karité
- 2 cs de gel d’aloé vera
- 2 cs de fécule de maïs
- 1 cs de bicarbonate de soude
Préparation, application & conservation
- Faites chauffer de l’eau dans votre casserole, maintenez-la à température modérée (ne faites pas bouillir).
- Placez votre contenant en verre ou en métal à la surface de l’eau.
- Versez-y le beurre de karité et le beurre de cacao. Laissez-les fondre lentement en mélangeant avec douceur. Retirez le contenant de la casserole.
- Versez la fécule de maïs, le bicarbonate de soude et l’aloé vera petit à petit tout en mélangeant. Continuez à mélanger jusqu’à ce que les poudres aient fondu.
- Versez l’huile essentielle et l’essence, toujours en mélangeant.
- Transférez l’ensemble du mélange dans votre stick déodorant. Laissez refroidir puis placez-le au réfrigérateur : le mélange va reprendre une consistance solide.
- Appliquez sous vos aisselles 1 fois par jour après toilette et séchage.
- Gardez votre stick déodorant loin d’une source de chaleur. Préférez un endroit sec et frais (pas la salle de bain, donc !). Ne conservez pas ce mélange au-delà de 8 mois.
Propriétés des ingrédients
- Beurres de karité et cacao : très hydratants et protecteurs pour la peau
- Fécule de maïs : absorbante de l’humidité (prévient l’action bactérienne en détournant cette humidité), absorbe les odeurs
- Bicarbonate de soude : absorbe les odeurs
- Aloé vera : protège, et aide à la cicatrisation des éventuelles petites lésions et/ou micro-coupures sur la peau
- HE de tea tree (Melaleuca alternifolia terpinene-4-ol) et essence de citron (Citrus limon) sont particulièrement efficaces face aux bactéries
Les variantes
Pour alterner, vous pouvez faire ce même mélange en remplaçant l’HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) par une HE de géranium rosat (Pelargonium graveolens cv Bourbon ou Égypte) ou de fragonia
(Taxandria fragrans). D’autres essences d’agrumes (Citrus) aux pouvoirs antibactériens puissants peuvent remplacer l’essence de citron, comme l’orange amère (Citrus aurantium) ou l’orange douce (Citrus sinensis), le pamplemousse (Citrus x paradisii), la mandarine (Citrus reticulata), ou des huiles essentielles comme l’élémi (Canarium luzonicum), le céleri (Apium graveolens, graines). Vous pouvez aussi avoir envie de renforcer l’arôme fleuri, que vous utilisiez du tea tree ou une autre HE. L’ylang ylang (Cananga odorata) a un pouvoir antibactérien intéressant dans ce cadre, comme la sauge sclarée
(Salvia sclarea) ou le palmarosa (Cymbopogon martinii).
Vous ferez attention, selon les zones où vous appliquez votre déodorant, aux HE photosensibilisantes comme le citron, l'orange, la mandarine…
Vous voilà paré·e pour les chaleurs de l’été (entre autres…). Enfin, tout dépend de l’endroit où vous êtes. Parce que ces temps-ci, par chez moi, on se demande bien si l’automne va durer encore au-delà du mois de juin cette année… 🙂
Pour en savoir un peu plus sur la thermorégulation, sans forcément se plonger dans des ouvrages très spécialisés, vous pouvez lire le Mémo-guide de biologie et de physiologie humaines, rédigé par Pascal Hallouët et Anne Borry (Elsevier 2009). Il est présenté sous forme de fiches de synthèse et est très abordable, même pour un·e non-spécialiste, pour un prix très raisonnable (il existe en version papier et epub).
Pour une lecture beaucoup plus fouillée, vous pouvez tenter Physiologie humaine, de Lauralee Sherwood, traduit par Alain Lockhart (De Boeck 2015). Mais ça s'adresse déjà à des spécialistes.
Enfin, sur le mécanisme de la transpiration, vous pouvez consulter la thèse pour le diplôme d'État de docteur en pharmacie soutenie en 2005 par Anne Brisard, l’Hyperhidrose : traitements et solutions.
Je précise que les liens donnés ne sont pas des liens “affiliate”, je les donne juste à titre indicatif.
Je n’ai pas de fascicule de mais, je peux quand même faire le déodorant? merci de me répondre
Bonjour Alicia, oui, il m’est arrivé de ne pas en avoir sous la main non plus, mais le déo reste efficace 🙂
une goutte de palmarosa sous chaque bras, c’est dangereux? merci
Bonjour Isabelle. Appliquer des HE pures sur la peau, ça présente toujours un risque. Encore plus sur les aisselles, à la peau fine. Et encore plus si vous le faites au quotidien. Mais je peux comprendre que la sensation de « gras » à cet endroit vous gêne, après dilution dans une HV. Vous pourriez essayer avec une huile végétale plus « sèche », comme la noisette. Mais la pénétration cutanée serait plus rapide, ce qui n’est pas le but (ni l’intérêt). Bref, je ne conseillerais pas cette goutte pure (quotidienne ?) à cet endroit.
cool les explications j’adore!!!