III. Le Médecin des pauvres
et les Cent plantes médicinales


Rebouteuse bretonne

L’Atelier des guérisseuses vous invite à une balade dans les remèdes naturels d’autrefois, remèdes de “grand-mère” ou de “bonne femme”. Et vous propose chaque fois des remèdes possibles d’aujourd’hui.

Les recettes de remèdes traditionnels se transmettaient par le bouche-à-oreille. Le plus souvent par les femmes, en charge de veiller à la santé de la maisonnée. Mais certains médecins futés ne négligeaient pas de recueillir ce savoir mis en pratique au fil du temps et à l'introduire dans leur propre pratique médicale. Ou bien à en faire des recueils à l'intention des plus démunis…

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Le regain grandissant d’intérêt pour les médecines dites “alternatives” font de plus en plus se tourner les regards vers, entre autres remèdes naturels, les soins par les plantes. Ce type de soins était et est toujours le fondement des médecines dites “populaires”. Les guérisseuses et guérisseurs, quels que soient les noms qu’on leur a donnés au cours des siècles – rebouteuses, guérisseuses, sorcières… – ont toujours eu recours à leurs connaissances des plantes, transmises de générations en générations. Et la science s’en est nourrie régulièrement. Ces connaissances y ont souvent servi de base, ou de pistes de départ à des explorations fouillées.

Les Cent plantes médicinales

1. Une transmission populaire et orale

Se soigner par les plantes a été, jusqu’au début du vingtième siècle et au-delà, une pratique très courante. On utilisait au quotidien ces plantes que l’on connaissait. On se transmettait oralement, au fur et à mesure des besoins, les recettes des remèdes de générations en générations. Vous savez, les fameuses «recettes de grand-mères» ou de «bonne femme». Elles étaient en effet, ces « grand-mères» ou ces «bonnes femmes», celles qui s’occupaient de la santé de la maisonnée. Et leur bibliothèque mentale des remèdes nécessaires à cette tâche était plutôt très fournie.

Aller voir un médecin était une exception, et on ne s’y résolvait souvent qu’en tout dernier recours. Ça coûtait cher, on ne comprenait pas toujours ce que ces messieurs savants racontaient. Les médicaments qu’ils prescrivaient étaient étranges et surtout, ils coûtaient aussi très cher. Et puis leurs cabinets étaient en ville, la plupart du temps. Pour une majeure partie de la population, se rendre en ville demandait une organisation qu’on ne pouvait pas toujours mettre en place.

2. Des médecins éclairés

Mais certains médecins se sont intéressés de près à ces pratiques traditionnelles. Ils les ont recueillies, les ont testées, partagées avec des confrères. Ils les ont mises eux-mêmes en application, régulièrement. Quelques-uns en ont même fait des ouvrages, des recueils où ils ont consigné ces recettes. Des recettes à base de plantes courantes, le plus souvent, qu'ils recueillaient dans les campagnes.

C’est le cas, par exemple, du Dr Louis Peyronnet. On ne sait pas grand-chose du personnage, sinon qu’il nous reste quelques-unes de ses publications. Dont un Traité des maladies secrètes de l’homme et de la femme, par exemple, qu’il rééditait régulièrement. Ou bien son ouvrage Le Médecin des pauvres et les 2000 recettes utiles, lui aussi souvent réédité au début du 20e siècle et augmenté à chaque réédition.

Le Médecin des pauvres et les 2000 recette utiles-Dr Peyronnet

Il s'inscrit dans la tradition d'un autre médecin célèbre, le Dr Cazin. Ce médecin du 19e siècle s'était lui-même consacré à diffuser des remèdes simples à réaliser et d'un moindre coût. Pour lui, cela passait par la connaissance approfondie des innombrables ressources de la nature. Son principal ouvrage, Traité pratique & raisonné des plantes médicinales indigènes, salué par l'Académie de médecine en 1868, est devenu après sa publication une référence majeure en phytothérapie.

Classification thérapeutiques des plantes

Extraite de l'ouvrage de référence de F.-J. Cazin, la «Classification thérapeutique des plantes». Ce pdf de 6 pages reprend le texte de Cazin à l'identique. Pour le télécharger, cliquez sur l'image ci-contre.

3. Une médecine populaire qui vaut bien les médecines venues d'ailleurs

Aujourd’hui, les pratiques citadines dominent. Rares sont devenus celles et ceux qui savent différencier un hêtre d’un charme, un bleuet d’une centaurée… Ce qui aurait sans doute beaucoup amusé nos arrière-grand-parents !

Vous faites partie de ces privilégié·es qui n’ont pas été coupé·es des merveilles et trésors de la nature ? Ou bien vous êtes pure citadin·e plus habitué·e aux moteurs pétaradants qu’au chant des rouge-gorges ? Peu importe ! Si les remèdes des ancien·nes vous intéressent, vous aurez sans doute plaisir et curiosité à naviguer parmi ces quelques extraits… Ces remèdes n’ont souvent pas grand-chose à envier aux préparations exotiques, qu’elles viennent d’Asie ou des natifs américains. Avec l’avantage de proposer l’utilisation de plantes autochtones pour la plupart. C'est dire si c'est là, tout à côté, dans votre jardin, que vous pouvez les trouver. Si vous y faites un peu attention…

médecin de campagne

4. La parole au Pr. Louis Peyronnet, “médecin des pauvres”

En guise d’introduction aux extrait sélectionnés et proposés ici, on se contentera de reprendre quelques mots du Dr Peyronnet en tête de son ouvrage :

Être utile à nos semblables, voilà notre but et notre seule ambition.

En publiant cet ouvrage, nous n'avons donc pas eu pour but, comme ne manqueront pas de le dire les charlatans et les ennemis du bien, de détruire les Docteurs et les Pharmaciens, que nous regardons comme d'utilité publique et qui devraient être créés s'ils n'existaient pas.

Nous voulons simplement donner à nos lecteurs les moyens de vivre longtemps en suivant des conseils d'hygiène à la portée de tous et que l'expérience a consacrés.

Et à celui qui est dans l'impossibilité absolue de profiter des bons conseils d'un Docteur, nous lui donnons avec plaisir quelques-unes des recettes que nos aïeux employaient; ils se portaient bien, vivaient très longtemps. Respectons, avec leur mémoire, leurs remèdes simples, faciles, peu coûteux et qui guérissent.

Oui, les herbes des champs, des jardins, etc., guérissent. (…)
Professeur L. Peyronnet

5. Les “Cent plantes médicinales”

Extraits de la deuxième partie de Le Médecin des pauvres et les 2 000 recettes utiles, « en vente chez l’auteur » rue Crémieux à Paris, 26e édition, 1904. (L’orthographe originale, notamment dans les noms de plantes, a été respectée.) Certains noms, c'est habituel en botanique, ont évolué et ne sont plus que des synonymes de l'appellation en vigueur aujourd'hui.
Ces extraits ne concernent qu’une moitié environ des plantes présentées dans l’ouvrage, choisies parmi les plus courantes. À vous de voir, bien sûr, ce que vous inspirent ces « recettes » d’autrefois, selon votre curiosité ! Vous serez peut-être surpris·e d'y trouver parfois l'origine des conseils de votre herboriste préféré·e…

NOTIONS PRELIMINAIRES
l° II est certain qu'il existe plus de cent plantes ayant des propriétés curatives; mais l'on est convenu de dire les
Cent plantes et, pour suivre la tradition, nous disons aussi les cent plantes médicinales, quoique nous reconnaissions que leur nombre est de beaucoup supérieur et que nous donnions l’explication et les propriétés de plus de
cent.
2° Le mot entre parenthèses qui suit indique la famille à laquelle appartient la plante. Dans cette classification, nous avons suivi les deux grands maîtres Linné et Tournefort, ce que vous explique la lettre L. pour Linné, T. pour Tournefort.
3° Le nom qui suit celui de la famille est le nom latin donné à cette plante.
4° Les mots en italiques sont les divers noms patois employés dans les diverses régions de la France pour désigner cette plante.
Nous donnons seulement les plus communs, car ils sont si nombreux qu'ils formeraient à eux seuls un gros volume.

(Cliquer sur le nom de la plante pour lire l'extrait qui la concerne.)

Aigremoine

Agrimonia eupatoria-Aigremoine

(Rosacées, T.) AGRIMONIA EUPATORIA.
Agrimoine, Eupatoire des Grecs, herbe de Saint-Guillaume, thé des bois, sorbelette, thé du Nord, etc.

Elle croit sur les bords des chemins, dans les prairies et les endroits incultes.
PROPRIÉTÉS : Infusions contre les incontinences d'urine et la dysenterie; tisane pour laver les plaies et faire revenir les chairs; en gargarisme, elle guérit les ulcères de la bouche et du gosier, en y ajoutant un peu de miel.
Dans le Nord, les paysans l'emploient en guise de thé. C'est une infusion d'un goût agréable, elle doit être recommandée surtout à ceux qui sont atteints de l'asthme.
Opinion des savants : Chaumel dit que l'aigremoine a été employée en décoction pour combattre les maladies de foie, les crachements et les vomissements de sang.

Ail

Allium sativum-Ail

(Liliacées, L.) ALLIUM SATIVUM.

Cette plante est connue et cultivée partout.
PROPRIÉTÉS : Vermifuge, fébrifuge, stimulante et excitante.
Ne convient pas aux personnes atteintes de maladies de la peau, telles que : dartres, eczéma, pelade, plaie, etc. Les nourrices doivent aussi le bannir de leur alimentation, car il altère leur lait et donne des coliques aux nouveau-nés.
Opinion des savants : Bergius recommande de l'ail comme fébrifuge, une bulbe le matin et le soir pendant cinq jours.
Forestus prétend que l'ail fait passer les eaux des hydropiques.
Cuit dans du lait il guérirait la pierre.

Angélique

(Ombellifères, L.) ANGELICA ARCHANGELICA.
Angélique sauvage, angélique des bois ou des prés, angélica sylvestris, racine du Saint-Esprit, angélique des jardins.

Elle croit sur les montagnes et les lieux élevés. On la cultive aussi dans les jardins.
Mangée crue ou cuite, elle facilite la digestion des aliments gras et huileux ; elle augmente la chaleur vitale pour résister aux froids humides.
On l'emploie en infusion (25 grammes pour un litre d'eau, racines ou tiges) dans les maladies suivantes : fièvres intermittentes, chlorose, faiblesse du tube digestif, vomissements spasmodiques, coliques venteuses, maux de tête nerveux, bronchites, etc.
Une bonne tasse d'angélique après le repas facilite la digestion et fait disparaître les langueurs d'estomac.
Quoique toute la plante soit bonne, on doit préférer les racines.
Opinion des savants : Rocques recommande l'angélique aux goutteux, aux personnes qui digèrent péniblement, aux convalescents dont les forces sont épuisées.
Gilibert ordonne la racine d'angélique dans toutes les maladies aigües et chroniques, exige des fortifiants et des cordiaux.
Bossu en prescrit l'usage dans les catarrhes chroniques, les coliques venteuses.
Lemery employait l'angélique dans le scorbut, la scrofule, les maladies contagieuses, la morsure des chiens enragés.
Cazin l'ordonne dans la tonique générale des organes digestifs, les vomissements nerveux, la névrose, la débilité, etc.

Arnica

Arnica montana-Arnica

(Composées, L.) ARNICA MONTANA.
Bétoine des montagnes, bétoine des Vosges, tabac des Savoyards, des Vosges, des Alpes, anique, souci des Alpes, etc.

Plante très commune sur les montagnes.
USAGE INTERNE : S'en servir avec précaution (15 gr. de fleurs ou de feuilles infusées dans un litre d'eau), quand un blessé est dans un état de torpeur qui se prolonge, en petites tasses et cela seulement jusqu'à ce que la figure se colore et que le pouls devienne fort. Très utile dans les congestions.
En trop fortes doses, il produit de violents maux de tête, le délire, des convulsions et même la mort.
USAGE EXTERNE : À l'extérieur, l'arnica est résolutif. Des linges trempés dans une forte décoction sont appliqués avec avantage sur les épanchements de sang et sur les coupures et les écorchures faites mêmes avec des objets imprégnés de substances irritantes ou malpropres.
Dans plusieurs contrées, notamment dans les Vosges, la Savoie et les Alpes, les feuilles sont fumées en guise de tabac. Inutile de dire que ce tabac n'est pas du maryland de première qualité.

Bardane

Arctium Lappa-Bardane

(Composées, T.) ARCTIUM LAPPA OU LAPPA COMMUNIS.
Napolier, dogue, herbe aux teigneux, gloutron, coupeau, houyau, tignons, teignons, falerasse, etc.

Ses larges feuilles, appliquées sur la poitrine, remplacent l'emplâtre de poix de Bourgogne dans les vieux rhumes et les affections chroniques des poumons. Un emplâtre bien chaud de ces mêmes feuilles, cuites dans du lait, enlève les douleurs ordinaires.
Appliquées sur les plaies, elles les guérissent en peu de temps.
Les oindre avec un peu de beurre non salé.
Les racines de bardane sont dépuratives, sudorifiques et diurétiques.
Nous ne saurions trop conseiller aux personnes atteintes d'une maladie de peau de se laver avec de la tisane de racines de bardane.
Que les mères n'oublient pas que quand un enfant est atteint de la rougeole, on fait bouillir 25 grammes de racines de bardane cinq minutes dans un demi-litre d'eau, et en donnant cette tisane, par cuillerées à café, une toutes les cinq minutes, au petit malade, en deux heures l'éruption est complète, et en tenant leur enfant à l'abri des courants d'air, il est guéri au bout de trois jours.
La même tisane guérit la pierre et la gravelle.
Forestus rapporte qu'un malade retenu au lit par des douleurs de goutte, sans pouvoir remuer aucun de ses membres, et ne pouvant être guéri par aucun des remèdes que lui prescrivaient les médecins, fit usage de la décoction de bardane dans la bière, ce qui lui fit rendre une grande quantité d'urines blanches semblables à du lait, et qu'il fut ainsi guéri de ses douleurs en huit jours. 120 grammes de racines pour deux litres d'eau ou bière en décoction pendant cinq minutes. Boire le tout dans la journée, à jeun.

Bluet ou bleuet

Centaurea cyanus-Bleuet

(Composées, L.) CENTAUREA CYANUS.
Aubéfoin, Casse-Lunettes, Bluet des Moissons, Blavéole.

Les graines de bluet sont purgatives; deux grammes dans un peu de miel purgent une grande personne.
Dans la jaunisse on emploie ces mêmes graines avec du miel, mais à raison de quatre grammes.
L'eau distillée de bluet est très estimée pour combattre l'ophtalmie.

Bouillon-blanc

Verbascum thapsus-Bouillon-blanc

(Verbacées, L.) VERBASCUM TAPSUS.
Molène, bon-homme, cierge de Notre-Dame, oreilles de Saint-Cloud ou de Saint-Loup, herbe de Saint-Fiacre, blanc bouillon, etc.

Les feuilles, cuites dans du lait, calment les hémorroïdes, les clous, les dartres, les ulcères et les varices. Trois verres par jour à jeun.
J'ai vu, dans divers pays, employer ces feuilles ainsi cuites en application sur les clous, les dartres, les hémorroïdes, les ulcères, etc., pour obtenir un soulagement immédiat. Il est néanmoins certain que, pour guérir radicalement, le malade doit en même temps en boire et prendre un dépuratif. (…)
La décoction des fleurs de bouillon-blanc est un excellent expectorant très utile dans les catarrhes, les bronchites, les crachements de sang.
Quand on va souvent à la selle et que l'on ne fait que quelques mucosités, trois verres par jour, à jeun, de décoction de feuilles de bouillon-blanc, et l'on est guéri le troisième jour.

Bourrache

Borago officinalis-Bourrache

(Borraginées, T.) BORRAGO OFFICINALIS.
Boursette, bourse à berger, etc.

Elle est adoucissante, elle fait suer, pousse aux urines ; généralement on l'emploie dans les rhumes, les fluxions de poitrine, les maladies dartreuses, les fièvres éruptives (rougeole, fièvre scarlatine, petite vérole).
DOSE : 40 à 50 grammes pour un litre d'eau en décoction. (…)
Opinion des savants : Gilibert dit que la décoction mielleuse facilite l'expectoration et calme les ardeurs de l'urine.
Fourcroy employait la bourrache dans les fièvres ardentes et bilieuses.

Camomille romaine et cultivée

(Composées, L.) ANTHEMIS, NOBILIS, ANTHEMIS SATIVA.
Camomille noble, camomille odorante, etc.

Originaire du Levant, elle est aujourd'hui cultivée dans toute la France et est une de nos plus précieuses plantes.
On emploie seulement les fleurs ; pour les langueurs d'estomac, les digestions difficiles, surtout quand elles sont accompagnées de pesanteurs au creux de l'estomac ou de gonflement du ventre, quand les intestins sont, pour ainsi dire, paralysés ; dans tous les cas de faiblesse, de pâles couleurs, etc., le malade doit boire, après chacun de ses repas, une bonne tasse de fleurs de camomille, infusion de quatre à cinq têtes pour un gros verre d'eau, en guise de thé.
Pour couper les accès de la fièvre, elle est supérieure au sulfate de quinine. On réduit pour cela les fleurs en poudre très fine et on donne 3 à 4 grammes de cette poudre soit dans du miel, soit dans de l'eau, en trois ou quatre fois, pendant l’intervalle des accès.
Les fleurs de camomille remplacent le quinquina.
Pour calmer les douleurs rhumatismales, la goutte et les coliques, frictionner vivement avec de l'huile de camomille. Voici comment on la prépare :
Fleurs sèches 20 grammes, huile d'olives 100 grammes, faire chauffer au bain-marie environ deux heures, passer avec forte expression et filtrer à travers un linge fin. Ajouter environ 10 grammes de camphre.
Opinion des savants : Lioscoride recommande la poudre des fleurs de camomille contre les fièvres intermittentes.
Rivière attribue les mêmes propriétés à cette plante.
Cazin dit l'avoir administrée dans divers cas de fièvres intermittentes tierces et avoir parfaitement réussi.
Wanters prétend que la camomille est supérieure au quinquina comme fortifiant.
Scorp ordonne des lavements de camomille contre les spasmes nerveux, l'hystérie, etc.

Carotte

Daucus carota-Carotte

(Ombellifères, L.) DAUCUS CAROTA.

Ce légume est un aliment léger et d'une digestion facile.
On croyait autrefois que la carotte guérissait la jaunisse et le cancer, c'est absolument faux.
Râpée et employée en cataplasme, elle calme les brûlures, les dartres, les panaris, les furoncles, les maux d'aventure, etc.
En infusion avec du lait et du miel, elle guérit la toux, le rhume, dégage les voies respiratoires et soulage l'asthme ; un grand verre matin et soir, au saut du lit et avant de se coucher.

Chêne

(Cupulifères, T.) QUERCUS, ROBUR.
Chêne mâle, vulgaire, quesne, rouvre, robure, etc.

L'écorce du chêne est un astringent très fort. Dans les règles trop abondantes ou trop prolongées, dans les crachements de sang et les selles mêlées de sang, prendre 3 grammes de poudre d'écorce de chêne avec un peu de miel ou de sirop, une fois par jour et à jeun.
Éviter de s'en servir comme gargarisme, car son emploi offre, dans ce cas, des inconvénients.
Opinions des savants : Cazin a employé la poudre d'écorce de chêne mêlée avec du miel à la dose de 2 à 4 grammes contre les hémorragies utérines qui n'avaient cédé à aucun autre moyen.
Barras a guéri las douleurs d'estomac rebelles en employant l'infusion sucrée de poudre de glands prise après le repas.

Consoude (Grande)

Symphytum officinale-Consoude

(Borraginées, T.), SYMPHITUM OFFICINALIS.
Oreilles d'âne, grande langue de vache, herbe aux coupures.

La racine fraîche de grande consoude, râpée et appliquée sur une brûlure, en calme la douleur instantanément. Employée de la même manière sur les crevasses des seins, elles les guérit aussi en peu de jours.
Opinion des savants : Cazin conseille aux nourrices, dont les seins sont gercés, de creuser un trou en forme de dé à coudre, dans la racine de consoude, d'y introduire le mamelon pendant vingt-quatre heures.
Chaumel l'emploie pour calmer les douleurs de la goutte; faire bouillir la racine Grande Consoude et l'appliquer en cataplasme sur le mal, le plus chaudement qu'il sera possible.|
Rocques préparait avec la racine de consoude, le sirop de gomme arabique, le suc d'un citron, un remède, d'après lui, infaillible contre les crachements de sang des vieillards et des personnes faibles.

Coquelicot

(Papavéracées, L.) PAPAVER RHŒAS.
Ponceau, pavot des champs, pavot rouge, etc.

Les fleurs de coquelicot remplacent avantageusement l'opium et n'offrent pas de si graves inconvénients.
Infusion de 4 à 5 grammes par litre d'eau; prendre par petite quantité dans les rhumes, les catarrhes du poumon, les fièvres éruptives, etc. Cette infusion est également conseillée pour faciliter la transpiration. Prise en lavement avec un peu d'huile d'olive, elle guérit la diarrhée.

Eucalyptus globulus

(Myrtacées, L.) EUCALYPTUS GLOBULUS.
Gommier bleuâtre, Arbre à la fièvre.

Cet arbre, originaire de l'Australie, a été acclimaté depuis une quarantaine d'années en Italie, en Corse et dans le midi de la France.
Seules les feuilles sont employées en médecine.
Elles contiennent une essence puissamment antiseptique.
À l'extérieur on en fait des fumigations pour assainir les chambres, des fomentations dans les maladies de poitrine et infectieuses.
À l'intérieur, contre l'influenza, la phtisie, les fièvres, etc., en décoction de 12 à 15 grammes pour un litre d'eau.
Les émanations de cet arbre sont très salutaires.
Il est bon d'en planter dans tous les endroits malsains.

Fenouil

(Ombellifères, Off.) FŒNICULUM VULGARE

Pousse à l'état sauvage et est cultivé.
Ses racines sont apéritives, 25 grammes par litre d eau en infusion : un verre ordinaire avant chaque repas.
Les semences de fenouil augmentent la quantité de lait des nourrices et le rendent meilleur : 30 grammes pour un litre d'eau en infusion; un verre ordinaire avant chaque repas.
Opinions des savants : Simon Pauli conseille la décoction de la racine et des graines dans les fièvres malignes, la petite vérole et la rougeole.
Trajus en recommande l'usage pour rétablir et conserver la vue.
Bandard rapporte plusieurs exemples de mères qui, manquant de lait étaient sur le point d'abandonner leurs enfants à un lait étranger, et ont rétabli la sécrétion de ce fluide précieux, par quelques infusions de semences de fenouil, adoucies avec un peu de réglisse.

Genêt à balais

(Légumineuses, L.) SPARTIUM SCOPARIUM.

Les fleurs de genêt sont diurétiques et très utiles dans tes rétentions d'urine.
On les emploie en décoction à la dose d'une bonne poignée par litre d'eau.
Plusieurs savants affirment avoir guéri l'hydropisie en faisant suivre ce traitement pendant un mois, à raison d'un litre de tisane par jour, prise à jeun, en quatre fois.

Genévrier

(Juniperacées, L.) JUNIPERUS COMMUNIS.

On en fait une boisson agréable, en faisant fermenter les baies dans de l'eau, et par distillation on en fait une liqueur alcoolique très estimée dans le Nord, sous le nom de genièvre. Il ne faut pas en abuser.
Quand le système nerveux, les viscères et l'estomac sont dans une grande lassitude, on emploie les baies de genévrier comme un stimulant : une poignée pour un litre d'eau en infusion; un verre ordinaire trois fois par jour à jeun.
Pour laver les vieux ulcères et en obtenir la cicatrisation, les laver avec la décoction de bois de genévrier : 50 grammes pour un litre d'eau.
Opinion des savants : Dange rapporte que l'infusion des baies de genévrier concassées dans du lait de chèvre bouillant et administrée, pendant plusieurs jours, aux malades atteints de la gravelle, débarrasse les reins sans irritation, et que l'urée charrie de petits calculs mêlés à une grande quantité de sable fin.

Guimauve

Althaea officinalis-Guimauve

(Malvacées, L.) ALTHÆA OFFICINALIS.

Les fleurs, les feuilles et les racines sont adoucissantes et émollientes : infusion de 30 grammes par litre d'eau pour les feuilles et les fleurs ; décoction à la même dose pour les racines.
En lavements tièdes, elle débarrasse les intestins.
Aux mères de famille, nous conseillons de donner à sucer à leurs entants une racine de guimauve; elle calme l'irritation des gencives et facilite la sortie des dents. Elle est de beaucoup préférable aux jouets en verre et en ivoire.

Hêtre

(Cupulifères.) FAGUS SYLVATICA.
Far fayau, fayard, fonteau.

Bel arbre dont les fruits, appelés faines, donnent une huile très fine.
Son écorce est un excellent fébrifuge, surtout pour les fièvres intermittentes et des marais ; 30 grammes d'écorce sèche en décoction pour un litre d'eau.

Laitue cultivée

(Composées, L.) LECTUCA SATIVA.
Laitue romaine, laitue pommée.

En salade ou avec de la viande, la laitue est un aliment qui convient aux personnes constipées ; sa décoction (60 grammes par litre d'eau, 3 verres par jour à jeun) est rafraîchissante, émolliente, narcotique, et calme les ardeurs des passions voluptueuses.
Pour passer une nuit calme et bien reposer, boire avant de se coucher une tasse de tisane faite avec une forte pincée de feuilles de laitue et deux verres d'eau que l'on fait bouillir cinq minutes ; boire tiède. Très conseillée aux personnes nerveuses.
Ne pas en abuser.

Lavande spic

(Labiées, L.) LAVANDULA SPICA.
Aspic, spic, lavande mâle, etc.

La lavande est extrêmement aromatique. On en retire l'huile d'aspic qui est très employée en parfumerie et en médecine et est appelée aussi Essence de Lavande quand elle est de première qualité.
Pour détruire tout genre de vermine sur le corps, prenez moitié huile d'aspic et moitié alcool; il suffit de frictionner deux fois la partie atteinte pour que tout disparaisse; ne pas en mettre sur les plaies et les écorchures.
Son infusion (10 grammes de fleurs par litre d'eau) est très utile dans les maux de tête, la migraine, les indigestions, et ramène les règles quand la suppression en est due à un affaiblissement général. Dans ce cas, boire l'infusion pendant 3 ou 4 jours de suite au moment où les règles devraient apparaître.
Fumigation contre l'enflure : Mettez dans une bassinoire sur le feu, quelques pincées de Lavande et de Romarin, bassiner le lit du malade pendant que les plantes produisent beaucoup de fumée, faites-le coucher il transpirera fortement. Avoir soin de réitérer ce remède jusqu'à guérison complète, deux fois par jour.

Lin

(Linées, L.) LINUM USITATISSIMUM.

On donne la tisane de graines de lin dans toutes les inflammations de l'estomac et des intestins, 12 à 15 grammes dans un litre d'eau; laisser bouillir à peine deux minutes. (…)
C'est avec la farine de lin que l'on fabrique l'un des meilleurs cataplasmes émollients que l'on applique sur les parties enflammées et sur le ventre pour en calmer les douleurs. Il faut que la farine soit bien fraîche, elle devient dangereuse si elle est sèche comme de la sciure de bois.

Lis blanc

Liliacées, L.) LILIUM CANDIDUM.

Il faut éviter de placer les fleurs de lis dans les chambres à coucher, et même de laisser ouvertes les fenêtres des chambres donnant sur les jardins où il y a beaucoup de lis, car il en résulte des maux de tête violents, des vertiges et même des syncopes.
Pour les plaies : appliquer des fleurs de lis que l'on a fait tremper dans de l'eau-de-vie pendant au moins six heures. Employées de même, elles guérissent les écorchures et les contusions.
L'oignon du lis cuit sous la cendre et appliqué sur un cor ou toute autre callosité, les fait mûrir promptement en ayant soin de les renouveler toutes les heures. Il est aussi recommandé pour les abcès, panaris, tournioles, furoncles, etc.

Mélisse

Melissa officinalis-Mélisse

(Labiées, L.) MELISSA OFFICINALIS.
Citronelle, citronade, herbe au citron, citronne, céline, piment des abeilles, ponchirade, etc.

Les feuilles et les sommités fleuries de cette plante se préparent en infusion, 25 grammes pour un litre d'eau.
On l'emploie avec succès dans la migraine, les langueurs et les débilités de l'estomac, les spasmes, les convulsions, les maux de tête, les mauvaises digestions, les vents, les palpitations, etc.
Préparée de la manière suivante, elle est encore plus active et d'un goût plus agréable :

FORMULE DE L'EAU DE MÉLISSE (dite des Carmes).
Prendre une grande cruche en grès à large ouverture et y introduire :

Esprit-de-vin                                 3 litres
Feuilles et fleurs de mélisse.      500 grammes
Racines sèches d'angélique.       16 —
Zestes de citron....                      125 —

Bien boucher la cruche et laisser macérer neuf jours en l'agitant chaque jour.
Passer ensuite à travers un tissu fin et serré en exprimant, puis remettre le liquide dans la cruche et ajouter :

Coriandre                                     200 grammes
Noix muscade concassée....       40 —
Cannelle fine concassée.....          4 —
Clous de girofle.....                         1 —

Reboucher et laisser macérer huit jour en agitant la cruche chaque jour, passer avec expression et ajouter :
Eau de fontaine ...                         1/3 de litre.
Laisser reposer vingt-quatre heures, filtrer, mettre en bouteilles et bien boucher.
Cette eau de mélisse s'emploie, en petits verres pour l'usage interne dans tous les cas cités plus haut, mais on l'emploie aussi pour l'extérieur comme vulnéraire pour les coupures, les plaies, les contusions.
Opinion des savants : Forestus faisait usage de son infusion, contre les palpitations de cœur.
Simon Gauli l'employait pour la mélancolie.
Rocques conseille aux hommes studieux qui prolongent leurs veilles et qui souffrent des nerfs et de la tête, l'infusion de mélisse blanche avec un peu de lait.
Cazin fait remarquer que, comme toutes les plantes excitantes, la mélisse est nuisible quand il y a chaleur, soif et irritation.

Menthe poivrée

(Labiées. L.) MENTA PIPERITA.
Menthe anglaise, menthe sauvage, menthe pouliot, menthe à feuilles rondes, menthe crépue, menthe verte, menthe romaine, etc.

Cultivée ou à l'état sauvage, ia menthe jouit des mêmes propriétés, quoique la forme et ses noms varient.
Prise en infusion (10 grammes par litre d'eau, fleurs et feuilles), la menthe est souveraine contre les mauvaises digestions, le catarrhe des muqueuses, dont elle favorise l'expectoration et empêche la formation des matières à expectorer.
On l'administre avec succès contre les palpitations, les tremblements et les vomissements nerveux.
Elle est aussi vermifuge.
Elle excite très vivement aux plaisirs sensuels.
Nous la conseillons dans les règles douloureuses et difficiles qui s'accompagnent de frissons, de bâillements, de spasmes et surtout de coliques déchirantes de la matrice, car elle détermine une répartition plus égale de la chaleur, procure une douce moiteur et fait couler les règles d'une manière continue et paisible.

Millepertuis

(Hypéricinées, L.) HYPERICUM PERFORATUM.
Herbe de la Saint-Jean, chasse-diable, herbe aux mille-pertuis, herbe aux mille trous, trucheron jaune, barbe de Saint-Jean, melpertrix, verge d'or, trescalar perforé, etc.

C'est l'une des plantes les plus utiles.
USAGE INTERNE : (les fleurs et les feuilles, en infusion, 90 grammes par litre d'eau bouillante). Un grand verre de millepertuis, quelques minutes avant le repas, débarrasse l'estomac de toutes les impuretés, donne appétit, facilite la digestion, supprime les vomissements, les aigreurs, les renvois, etc. Cette infusion est très utile dans les catarrhes chroniques, les rhumes et les affections pulmonaires; très utile aussi dans les catarrhes de la vessie.
USAGE EXTERNE : faire macérer dans l'alcool les fleurs de millepertuis et les appliquer sur les plaies, écorchures, coupures, contusions, etc. ; elles calment ta douleur et facilitent la guérison.
Opinions des savants : Cazin dit avoir employé, avec avantage l'infusion des sommités de Millepertuis dans les maladies des voies respiratoires.
Il conseille de mêler avec cette plante, à parties égales, la racine d'aunée et le lierre terrestre.

Moutarde

Brassica nigra-Moutarde

(Crucifères, L.) SINAPIS NIGRA, SINAPIS ALBA.
Sénevé des champs, moutarde des champs, moutarde.

La moutarde noire et la moutarde blanche ont les mêmes propriétés et rendent d'immenses services.
Les graines, réduites en farine (farine de moutarde), servent pour faire des bains de pieds, des sinapismes, etc. Se servir pour cela d'eau tiède et jamais d'eau chaude ou de vinaigre. Un sinapisme ou emplâtre de farine de moutarde ne doit rester en place que 35 ou 40 minutes.
La fameuse moutarde de Dijon n'est simplement que de la farine de moutarde blanche délayée dans du verjus et aromatisée selon le goût ; c'est un condiment excellent, elle facilite la digestion tout en excitant l'appétit, mais il faut en user très modérément, car l'abus occasionne du réchauffement dans l'estomac et les intestins.
Une cuillerée à bouche de farine de moutarde, dans un verre d'eau fraîche ou mieux tiède, pris par gorgées, constitue un vomitif.
Une pincée de farine de moutarde, chaque matin, dans les chaussettes, empêche le froid aux pieds.

Navet, Rave

(Crucifère, L.) BRASSICA NAPUS.
Navet tendre, turneps, navette rabiote, etc.

C'est un excellent rafraîchissant et émollient.
On en fait un excellent potage en le faisant cuire dans du lait et en y ajoutant un peu de beurre frais. Ce potage est le meilleur que l'on puisse donner aux personnes atteintes d'inflammation de poitrine et d'intestins.

Oignon ou ognon

(Liliacées,L.) ALLIUM CEPA.

L'oignon ne convient pas aux tempéraments bilieux, aux sujets délicats et très irritables, ni aux personnes atteintes de maladies de la peau. Il en est de même de l'ail.
L'oignon cuit constitue une nourriture aussi agréable que salutaire dans l'hydropisie, les rétentions d'urine, les maladies des voies respiratoires.
Cuit sous la cendre et appliqué sur les panaris furoncles, abcès froids, il en active la suppuration, le renouveler deux fois par jour.

Oranger

(Hespéridées, L.) CITRUS AURANTIUM.

C'est avec les fleurs d'oranger que l'on fabrique l’eau de fleur d'oranger qui, prise avec de l'eau sucrée, calme les agitations nerveuses, les spasmes, la toux nerveuse sans crachats, les attaques de nerfs, les migraines, les palpitations, etc. Elle facilite la digestion, augmente l'appétit et diminue les gonflements du ventre.
Les feuilles d'oranger, prises en infusion (20 gr. pour un litre d'eau), ont les mêmes propriétés que les fleurs.
L'écorce des oranges sert à fabriquer des liqueurs amères, excitantes et fortifiantes.
BOISSONS POUR LES MALADES : Avec le suc abondant que renferment les oranges, un peu d'eau et du sucre, on fait une limonade, appelée orangeade, qui est très utile pour calmer la soif dans toutes les maladies inflammatoires. Elle est de beaucoup préférable à la limonade ordinaire.
Après le repas, une orange en guise de dessert rafraîchit l'estomac et facilite la digestion.

Ortie blanche

Lamium album-Ortie blanche

(Labiées, L.)LAMIUM ALBUM.
Ortie morre, lamier blanc, lamion, etc.

Elle se distingue des autres orties en ce qu'elle ne pique pas quand on la touche; ses feuilles sont pâles et ses fleurs blanches.
L'ortie blanche est employée avec succès pour combattre les fleurs blanches (flueurs blanches) et les diarrhées.
On emploie ordinairement les fleurs seules.
Néanmoins, on peut se servir de sommités fleuries à raison de 20 à 30 grammes pour un litre d'eau, en infusion.
L'ortie blanche doit être récoltée au moment de la floraison.
Dans plusieurs régions, avec l'ortie blanche, un morceau de beurre et quelques pommes de terre, on fait une soupe délicieuse pour les estomacs faibles et délicats.

Oseille

(Polygonées, L.) RUMEX ACETOSA.
Vinette, aigrette, surelle, patience acide, surette, parelle, patience des moines.

La racine d'oseille est dépurative.
Ses feuilles sont rafraîchissantes et facilitent la digestion. En bouillon, elles aident les purgatifs.
Pendant l'épidémie de croup, l'oseille mâchée par les enfants peut les préserver du terrible mal.
L'usage de l'oseille est défendu dans les maladies de poitrine, d'asthme, d'estomac faible et irrité, de gastralgie, etc. L'abus de l'oseille produit la gravelle et la pierre.

Persil

(Ombellifères, Offic.) petroselinum sativum.
Ache, persil, sersin, persil cultivé.

(…)
Le persil sert pour l'assaisonnement de la plupart de nos aliments, dont il relève le goût et facilite la digestion.
POUR LES CONTUSIONS : Un excellent remède : bassinez (lavez doucement) trois fois par jour avec l'eau-de-vie camphrée la partie contusionnée et mettez ensuite un cataplasme de persil cuit dans du vin. Le cataplasme doit être chauffé dans le même vin où il a cuit.
En quelques jours on est guéri.
MAUX DE DENTS : Le persil broyé dans le creux de la main avec un peu de sel, puis introduit dans l'oreille du côté malade apaise les douleurs de dents.

Pin et Sapin

(Conifères, D. C.) ABIES.
Pin sylvestre, pinéastre, pin sauvage, pin de Bordeaux, sapin du Canada.

Tous les arbres connus sous le nom de pins et de sapins fournissent à la médecine plusieurs médicaments précieux, qui sont les bourgeons de sapin, la térébenthine, l'essence de térébenthine, la poix de Bourgogne et enfin le goudron.
Les bourgeons de sapin sont très employés dans toutes les maladies des voies respiratoires. Infusion de 15 grammes par litre d'eau, Toux, rhumes, asthme, catarrhes, bronchites, etc.

Pissenlits dent-de-lion

(Composées, Jus.) TARAXACUM DENS LEONIS.
Florion d'or, dent de lion, salade de taupe, couronne de moine, etc.

La décoction de ses feuilles et racines (66 grammes pour un litre d'eau) est apéritive, diurétique et dépurative.
On fait avec ses feuilles d'excellentes salades rafraîchissantes et bonnes pour la santé.

Plantain

(Plantaginées, L ) PLANTAGO.
Herbe aux puces, plantain commun, grand plantain aquatique, fluteau pantagive, fluteau trigone, pain de crapaud, pain de grenouille, plantain des oiseaux, herbe aux canaris, herbe des cinq ou sept côtes, pattes d'oie, queue de rat, etc.

Il y a plusieurs espèces de plantain, les principales sont le plantain grand ou commun (Plantago oncoelata).
Tous les trois possèdent des propriétés analogues. En décoction (50 grammes pour un litre d'eau), ils sont très utiles pour la diarrhée et la dysenterie.
Le suc de plantain, administré à dose de 50 grammes trois fois par jour, est un excellent remède contre les crachements de sang, et flueurs blanches.
Ses feuilles bien lavées et appliquées sur les plaies, les coupures, etc., en facilitent la guérison.
(…)

Poireau

(Liliacées, L.) ALLIUM FOBRUM.

C'est un aliment très rafraîchissant, digestif, sain, mais peu nourrissant.
Il est essentiellement diurétique. (…)
ONGUENT POUR LES PANARIS, TUMEURS, ABCÈS, ETC. : On prend le blanc d'un gros poireau qu'on enveloppe d'un papier mouillé, et qu'on fait cuire sous les cendres pendant vingt minutes; puis il est écrasé et mélangé avec un petit morceau de graisse de porc. On applique ce mélange en guise de cataplasme sur le mal et on le renouvelle toutes les six heures jusqu'à suppuration complète.

Pomme de terre

(Solanées, C.) SOLANUM TUBEROSUM.
Parmentière, morelle tubéreuse, patate, etc.

La pomme de terre occupe un des premiers rangs parmi les substances alimentaires. Elle est d'une digestion facile et d'un emploi très salubre.
En médecine, elle n'est guère employée que sous forme de fécule, farine que l'on retire de son suc, pour faire des soupes légères et digestives et des cataplasmes, ou pour saupoudrer les excoriations des enfants et des personnes trop grasses.
Pour le scorbut, quelques rondelles de pommes de terre mangées crues préviennent très bien cette grave maladie ou en font disparaître les premiers symptômes.
La pomme de terre râpée et appliquée comme cataplasme sur les brûlures légères, en calme rapidement la douleur.

Pommier

(Rosacées, L.) PYRUS MALUS.

Les pommes, ainsi que le suc qu'on en exprime (le cidre) jouissent à un haut degré des propriétés nourrissantes, tempérantes, rafraîchissantes, émoilientes et légèrement laxatives.
Quand un malade est atteint d'inflammation, surtout du poumon ou des intestins, on lui fait boire de la tisane de pommes reinettes : on les coupe, pour cela, par quartiers et on en fait bouillir deux ou trois dans un litre d'eau avec un peu de réglisse pendant dix minutes.
Le cidre qu'on retire de la pomme peut remplacer le vin dans beaucoup de préparations, par exemple pour le vin d'absinthe, pour le vin de gentiane, etc. (…)
Le cidre constitue une boisson très agréable et fort salutaire, ainsi qu'on peut s'en assurer par la beauté, la force et la vigueur des Normands, des Bretons et des habitants de la Biscaye (Espagne), qui en font leur boisson ordinaire.
L'écorce du pommier en décoction (80 grammes pour un litre d'eau) peut remplacer, dans les fièvres, le sulfate de quinine.
On a remarqué que le cidre naturel préserve des maladies calculeuses (pierre, gravelle, etc.).

Les propriétés de la pomme
La pomme est excellente pour le cerveau, parce qu'elle contient plus d'acide phosphorique sous une forme aisément digérée que les autres fruits. Elle excite l'action du foie, procure un bon sommeil profond, et désinfecte complètement la bouche. De plus, la pomme prévient l'indigestion et a des propriétés reconnues contre les maladies de la gorge.
Il est salutaire de manger des pommes au moment de se mettre au lit. Elles ne causeront aucun mal, même aux personnes les plus délicates. À condition, bien entendu, qu'elles soient mûres et juteuses.

Raifort sauvage

Armoracia rusticana-Raifort

(Crucifères, L.) RAPHANUS RUSTICANUS.
Moutarde de capucin, grand raifort, ravenelle, raveluque, cranson de Bretagne, cran des Anglais, etc.

Le raifort sauvage est très utile en médecine. On emploie seulement ses racines fraîches en infusion (30 grammes pour un litre d'eau). Il est stimulant et antiscorbutique. Il est aussi très utile dans les scrofules, les catarrhes chroniques et l'asthme humide. C'est l'un des meilleurs diurétiques.
En toute circonstance, la poudre et la racine du raifort peuvent remplacer avantageusement la moutarde.

Réglisse

(Papilionacées, L.) GLYCYRHIZA GLABRA.
Bois doux, racine douce, bois sucre, racine bonne, etc.

La réglisse a des propriétés pectorales et adoucissantes : elle est aussi diurétique et calmante.
Prise avec du chiendent, elle est rafraîchissante et pousse aux urines.
La tisane des hôpitaux (dite bonne à tout) se fait avec de l'orge, du chiendent et de la réglisse.

Reine des prés

(Rosacées, L.) SPIRÆA ULMARIA.
Spirée ulmaire, barbe de chèvre, ormière, grande ormière, herbe aux abeilles, pied de bouc, vignette, grande potentille, etc.

Elle est astringente, tonique et surtout diurétique. Prise en décoction (30 grammes pour un litre d'eau), elle pousse aux urines et guérit l'hydropisie.
On emploie pour cela toute la plante (racines, feuilles, fleurs). En boire trois verres par jour entre les repas.

Renouée des oiseaux

Polygonum aviculare-Renouée des oiseaux

(Polygona, L.) POLYGONUM AVICULARE.
Centinoda, herbe à cent nœuds, herbe des pourceaux, traînasse de cochon, etc.

Elle est vulnéraire et astringente, ses graines, purgatives pour l'homme, sont recherchées avec avidité par les petits oiseaux.
Les diarrhées qui ont résisté à tous les astringents cèdent rapidement à une forte décoction de cette plante. Elle est donc précieuse à ce point de vue. On l'emploie à raison de 60 grammes environ par litre d'eau en décoction.

Romarin officinal

(Labiées, L.) ROSMARINUS OFFICINALIS.
Romarin commun, ensencier, herbe aux couronnes, rose marine, romarin des troubadours, etc.

Il est très excitant comme la menthe, la mélisse et la sauge.
On l'emploie dans l'asthme, les catarrhes chroniques, les vomissements nerveux; infusion, 15 grammes par litre d'eau.
Pour les entorses et les gonflements de jointures, faire cuire les feuilles de romarin dans du vin et puis appliquer le tout en guise d'emplâtre sur le mal; renouveler toutes les trois heures.
Opinion des savants : Rocques conseille l'infusion de romarin contre les maladies de l'estomac et le manque d'appétit.
Forestus ordonne la décoction de cette plante comme bain fortifiant pour les enfants faibles.

Rosiers

(Rosacées, L.) ROSA, ROSA GALLICA.

Les boutons de roses sont astringents : 15 grammes par litre d'eau en infusion, pour les écoulements, les flueurs blanches, les diarrhées chroniques, dans les pertes peu abondantes, mais qui durent depuis longtemps.
Elles sont aussi fortifiantes.

Salsepareille

Smilax aspera-Salsepareille

(Smilacées, L.) SALSAPARILLA ou SMILAX SPERA.

La racine seule est employée. Elle nous vient du Brésil et du Mexique ; néanmoins, celle que l'on trouve dans le Midi est également bonne quoique moins forte.
On doit la préparer en décoction et faire bouillir jusqu'à réduction de moitié (70 grammes par litre d'eau). C'est un dépuratif très recommandé pour tous les vices du sang et surtout dans la syphilis.
(…)

Sapin

Voir Pin et Sapin.

Sauge officinale

(Labiées, L.) SALTIA OPFICINALIS.
Sage, salle, herbe sacrée, thé sacré, sauge franche, thé de la Grèce, thé de sals, thé de France, sauge des prés, etc.

La décoction de sauge (60 grammes pour un litre d'eau) prise à l'intérieur jouit des propriétés analogues à celles de la menthe ; elle excite de la chaleur à l'estomac, facilite la digestion, fait circuler le sang plus vite, en un mot elle augmente l'énergie de toutes les fonctions du corps. Prise en guise de thé après le repas, elle facilite la digestion et ranime l'action de l'estomac (40 grammes par litre d'eau).
À l'extérieur, la décoction de sauge (100 grammes pour un litre d'eau) guérit toutes les maladies de peau : dartres, eczémas, boutons, démangeaisons, rogne, teigne, pelade, etc. (…)
Les Chinois et les Japonais préfèrent la sauge au thé.
Infusée dans du vin blanc, elle lui donne un goût de muscat et le rend plus enivrant.
Opinions des savants : Cazin assure que l'infusion des feuilles de sauge lui a toujours réussi pour diminuer les sueurs nocturnes. Il dit aussi l'avoir employée avec succès pour faire disparaître la diarrhée des enfants à la mamelle. Trousseaux et Pidoux affirment avoir vu plusieurs fois les ulcères des jambes se fermer, se couvrir d'un tissu cutané nouveau, par l'application de compresses imbibées dans du vin cuit avec des feuilles de sauge et du miel.

Sureau

(Caprifoliacées, T.) SAMBUCUS NIGRA.
Seû, saoû, seur, seuillet, sognon, suin, hautbois, sambuc.

Les fleurs du sureau, fraîches sont légèrement purgatives; quand elles sont sèches elles perdent cette propriété et deviennent simplement sudorifiques.
L'infusion de fleurs de sureau (10 gramme par litre d'eau) provoque des sueurs abondantes; un grand verre pris le soir en se mettant au lit soulage le rhume et la toux.
Ces mêmes fleurs, fermentées dans du vin, lui donnent le parfum du frontignan.
La deuxième écorce du sureau est purgative.

Tanaisie

(Synanthérées, L.) TANACETUM VULGARE.
Herbe aux vers, barbotine, herbe Saint-Marc, alkanose, herbe amère, tanacée, menthe coq, balsamite amère, etc.

Ses feuilles et ses fleurs, ainsi que ses semences, sont toniques, stimulantes, stomachiques, vermifuges et sudorifiques (…) ; infusion 25 grammes par litre d'eau.
Répandue entre les matelas, elle chasse les puces et les punaises. Étendue comme litière dans les niches des chiens, elle les délivre de leurs puces.
Les feuilles de tanaisle cuites dans de l'eau, de la bière, du vin et appliquées en cataplasme sur le ventre, agissent énergiquement comme vermifuge.

Tilleul

(Tilliacées.) TILIA EUROPEA.

L'infusion des fleurs de tilleul est très utile dans la migraine, les vertiges, les lourdeurs de tête, les mauvaises digestions et les agacements nerveux.
Dose : 25 à 30 grammes pour un litre d'eau.
Les bains de fleurs de tilleul sont aussi très utiles pour les convulsions des petits enfants. Les employer tièdes et souvent répétés.
Les fleurs de tilleul doivent être ramassées par un beau temps et séchées à l'ombre; sans cela elles perdent toutes leurs propriétés.
Opinion des savants : Cazin dit avoir vu cesser une diarrhée chronique qui avait résisté à diverses médications par le seul usage de la décoction de tilleul employée en lavement plusieurs fois par jour.

Verveine

(Verbénacées, L.) VERBENA OFFICINALES
Herbe sacrée, verveine commune, herbe à tous les maux, guérit-tout, herbe du foie, herbe du sang, herbe aux sorcières, etc.

Du temps des Gaulois, les prêtres druides lavaient leurs autels avant le sacrifice avec de l'infusion de fleurs de verveine (herbe sacrée); c’est pour cela qu'on lui attribue encore une infinité de propriétés qu'elle n'a pas.
Néanmoins, il est certain que fraîche et pilée avec du vinaigre, ou sèche et cuite avec du vinaigre et appliquée sur un point de côté ou sur une entorse, elle en facilite beaucoup la guérison.
Elle est aussi un peu amère, aromatique et astringente.

Voir aussi
Guérisseuses : remèdes naturels de grand-mères ; I. Les verrues
Guérisseuses : remèdes naturels de grand-mères ; II. Rhumes et grippes au Québec
À venir
Guérisseuses : remèdes naturels de grand-mères ; IV. Le très fameux vinaigre des 4 voleurs

Références

Merci infiniment à Soazic, Marie et Mariannick, pour la transmission sans condition 🙂

Les images de rebouteuses de Bretagne proviennent de Cartolis, base de données du Musée de la carte postale (consacré principalement aux anciennes cartes postales de Bretagne). Les photos accompagnant les extraits de Peyronnet proviennent du fonds Michael Moore.

Des publications précieuses :
Bernard Assiwini, Recettes typiques des indiens, Leméac, 1972
François Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, 1868.
Jean-Claude Dupont, Le forgeron-soigneur au Canada français, Conférence présentée le 12 novembre 1981 devant L'Académie des Lettres et des Science humaines de la Société royale du Canada
Marie de Maupeou Fouquet, Recueil de receptes choisies, expérimentées et approuvées, contre quantité de maux fort communs, tant internes qu'externes, invétérés et difficiles à guérir, 1675 
Gosset, Révélation cabalistique d’une médecine universelle tirée du vin, avec une manière d’extraire le Sel de la Rosée et une dissertation sur les lampes sépulcrales, 1735
Jean-Marie Francœur, Genèse de la cuisine québecoise, Fides, 2011
Serge Gauthier, Un témoin exceptionnel de la longue lignée des ramancheurs Boily, et Flavien Boily dit le Ramancheur (1839-1920), un soigneur du peuple, encyclobec.ca, 2002
Jean-Pierre Goubert, “L’art de guérir. Médecine savante et médecine populaire dans la France de 1790”, Annales. Histoire, Sciences Sociales, n°5, EHESS, 1977
Henri Graulle, “Médecine populaire et guérison magico-religieuses dans le Bourbonnais occidental”, Arts et traditions populaires, n°2, PUF 1963
André Julliard & René Luneau, “La Médecine populaire dans les campagnes françaises aujourd'hui. Bibliographie thématique”, Archives de sciences sociales des religions, n°54.1, EHESS, 1982
François Laplantine, “La maladie, la guérison et le sacré. Médecines populaires et savantes de la France contemporaine”, Archives de sciences sociales des religions, n°54.1, EHESS, 1982
François Leduc, “Les médecines douces : alternatives ou compléments à la médecine traditionnelle”, Santé mentale au Québec, 11-2, 1986
Nicolas Lémery, Dictionnaire universel des drogues simples, 1543.
Arnauld Martin-Ostróżka, “Médecine populaire, médecine savante: Analyse comparée de discours médicaux, aux XVIIIe et XIXe siècles”, Ethnologie française, 22-4, PUF, 1992
Marie de Maupeou, épouse Fouquet, Recueil de remèdes, 1679
Adelin Moulis, “Médecine populaire en Ariège”, Arts et traditions populaires, n°2, PUF, 1961
Dr Louis Peyronnet, Le Médecin des pauvres et les 2 000 recettes utiles, 26e édition, 1904
Clémentine Raineau, Maladie et infortune dans l'Auvergne d'aujourd'hui : médecins, guérisseurs et malades d'un bourg montagnard à l'hôpital, thèse de doctorat, EHESS, 2001
Paul Romieux, Les Vieux Remèdes bretons, Éditions Jouve & Cie, 1937
Francine Saillant, “Le rhume et la grippe: Recettes québécoises de médecine populaire”, Ethnologie française, 21-2, PUF, 1991
Pierre Saintyves, La guérison des verrues : de la magie médicale à la psychothérapie, Librairie Critique, 1913
Claude Seignolle, “Le Folklore du Languedoc (Gard-Hérault-Lozère). Cérémonies familiales, sorcellerie et médecine populaire, folklore de la Nature”, Arts et traditions populaires, n°1, PUF, 1961
Sylvain Sionneau, Les médecines illégales et les médecines populaires en France au XIXe siècle, avec l’exemple du Maine-et-Loire, Histoire Université d'Angers, 2013
Anne Street, “Médecine populaire des îles Saint-Pierre et Miquelon”, Arts et traditions populaires, PUF, 1959
Histoire des sciences médicales, n°1, Société française d'histoire de la médecine, 1968

  • Cassandra dit :

    Plus que jamais d’actualité quand la médecine patine et qu’on va encore se retrouver avec un vaccin dont personne ne connaît les effets à moyen et long termes. Fouiller du côté des plantes c’est une piste qu’il faudrait bien explorer!

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